Les bienfaits
Grâce à un travail non directif et non interprétatif, la personne endeuillée fera en toute liberté l’expérience de l’art qui apaise le coeur, qui libère le corps et qui élève l’âme.
Lors de ses réalisations artistiques et accompagnée par l’art-thérapeute, la personne endeuillée pourra explorer son intériorité et bénéficier, à son rythme et selon ses besoins, des nombreuses ressources essentielles que l’art-thérapie apporte sur le chemin du deuil :
Exprimer ses émotions
L’art thérapie permet de travailler sur le deuil de façon inconsciente, sans passer par les mots, avec ses symboles et ses représentations visuelles.
Lorsqu’il y a une difficulté voire un empêchement de partager ses ressentis, lorsque les mots manquent parce que la douleur est telle qu’on ne peut raconter ce qui s’est passé, l’art-thérapie permet d’exprimer, de déposer, de mettre à distance les ressentis qui cherchent un chemin pour advenir.
Parce que ce n’est pas en annulant la tristesse ou la colère, en niant le chagrin ou la culpabilité que l’on peut avancer vers une nouvelle page de vie, c’est en honorant sa peine et ses émotions en leur donnant la place et le temps qu’elles méritent.
Mettre son corps à l’oeuvre
Tout au long du deuil, les symptômes physiques manifestent haut et fort ce que le cœur ne peut dire. Épuisement, troubles du sommeil et de l’appétit, tensions musculaires, ralentissement psychomoteur, palpitations, vertiges, maux de tête, douleurs multiples…
Alors que le deuil fige, sidère, arrête, immobilise parfois pendant des mois, l’atelier d’art-thérapie met en oeuvre l’impulsion d’une remise en mouvement, d’une remise en vie, d’un mieux-être corporel.
Être dans la pure attention du geste de peindre ou de dessiner permet, dans ce moment suspendu comme une méditation, de reprendre son souffle, de respirer profondément et de faire circuler l’air dans tout son corps, comme une libération, une ouverture, le calme retrouvé, les tensions corporelles lâchées.
Solliciter son corps pour créer, se tenir debout pour peindre sur le chevalet ou pour malaxer l’argile sur la table de modelage, sont autant de mise en situation pour retrouver la vitalité de son corps et se faire plaisir sans culpabiliser.
Faire une pause dans la douleur
Lorsque l’on crée, que l’on se concentre et que l’on se sert de ses mains, on est capable de mettre la douleur de côté pour quelques précieux instants, tout en exprimant son tumulte intérieur.
Lorsque que le passé est douloureux et l’avenir amputé, l’art-thérapie permet de trouver un refuge dans l’instant présent. La pratique de l’activité artistique crée de fait un « ici et maintenant » paisible et protecteur qui offre un répit à la souffrance et au stress chronique que représente le deuil.
Les moments de bien-être sont rares et souvent interdits par l’endeuillé lui-même car s’autoriser à se sentir bien peut être très compliqué et très culpabilisant.
Se re socialiser en sécurité
Mener une activité créatrice est une clé pour apprivoiser l’absence et faire face au repli et à la solitude.
La mort est le plus grand tabou de la société, un tabou qui enferme et isole les personnes endeuillées, parfois rejetées, souvent blessées par les propos déplacés, les idées reçues, les injonctions ou le silence de l’entourage.
Participer à un atelier d’art-thérapie, en individuel ou en collectif, c’est se sentir compris, reconnu, intégré, c’est se socialiser en douceur dans un espace dédié avec des personnes qui traversent ou ont traversé la même épreuve.
Les ateliers permettent à la personne endeuillée de pratiquer une activité tout en étant préservées des inévitables maladresses, gêne ou incompréhension de l’entourage familial, amical, professionnel souvent bien démuni face à ces situations de grande souffrance.
Honorer la personne disparue
A l’aide de dessins, peintures, collages, modelages, on peut raconter l’histoire de sa vie et parler de la personne que l’on a perdue.
L’atelier est un lieu pour le partage, pour le réconfort, pour autoriser et créer une place à celui ou celle qui nous a quitté.
Les rites de deuil sont malheureusement délaissés aujourd’hui, faire mémoire ensemble est de plus en plus rare. Les créations artistiques font alors office de rituels pour remémorer l’être cher que l’on peut difficilement évoquer avec l’entourage.
Les créations artistiques en l’honneur de la personne disparue feront peu à peu disparaitre la peur de l’oubli tant redouté par les endeuillés.
Restaurer l‘estime de soi & l’espérance
Le deuil est souvent vécu comme une exclusion, un déclassement, un abandon. Le malheur est fui, la mort évitée, on se sent rejeté du champ social dans ce que l’on vit intensément, en même temps que le vécu dépressif et les émotions compliquées (colère, culpabilité…) altèrent l’estime de soi.
La création artistique est un excellent moyen de s’occuper symboliquement de l’image de soi, de ce soi qui souffre, qui se sent différent, incompris, sans avenir.
La satisfaction de créer, d’apprendre quelque chose sur soi-même, de s’initier à un savoir ou à une technique (arts plastiques, musique…) valorise la personne et lui donne de nouvelles ressources. Créer permet de retrouver sa vitalité, sa dignité et ne pas être réduit à ce que l’on traverse.
Enfin rencontrer des pairs, certains au même endroit du chemin, d’autres plus en avant qui témoignent de l’existence d’un avenir et transmettent l’espoir de la vie à nouveau après la perte d’un proche.
Apprivoiser la réalité
Le cœur de la souffrance du deuil réside dans la résistance au réel.
L’art-thérapie aide à sentir cet immense et indestructible « NON » que l’on a au fond de soi lors du décès d’un proche. Résister sans relâche à une réalité insupportable certes mais que rien ne pourra jamais changer, épuise, intensifie la douleur et bloque le travail de deuil.
Dire « OUI » à la réalité, ce n’est pas accepter le décès de l’être aimé, c’est intégrer le réel et créer les conditions d’un apaisement possible, d’un allègement de la souffrance, d’une ré ouverture à la vie.
Apprivoiser la réalité, c’est accepter, dans le sens de se résigner devant ce qui ne pourra jamais changer, lâcher les blocages, dire oui à la vie et créer les conditions d’un apaisement futur.
Changer sa posture intérieure va modifier la souffrance et ouvrir à l’intérieur de soi un espace pour l’amour et la présence.
Donner du sens à sa vie
Le deuil est une crise profonde au cours de l’existence qui change notre vision du monde et nos rapports aux autres. La perte des repères et des certitudes est une expérience de vie traumatisante. La personne en deuil est enclin à désinvestir sa vie.
Alors comment dire oui à la vie après le décès d’un proche ? Comment la vie peut-elle conserver son sens au-delà de l’épreuve ? Pourquoi survivre à l’être aimé ? Comment retrouver du vivant en soi ?
L’art est un outil efficace en ce qu’il peut, en partie, aider à se réconcilier avec la vie et à faire sens de la douleur.
Le chemin du deuil est un profond travail spirituel, un travail de pensée, de représentation, de quête de sens, un chemin de transcendance.
Les questions autour de la vie et de la mort s’apprivoisent via le média artistique et amènent à une transformation intérieure. En abordant ces thèmes difficiles en art-thérapie, on permet à la personne de les « méditer » dans le sens de « se familiariser avec », de faire une expérience intime unique, de nourrir une intuition selon sa sensibilité et ses croyances, de retrouver une confiance intérieure et une conscience apaisée, de voir la vie en plus grand.
Découvrir au fond de soi qu‘il n’y a pas d’oubli
Être dans le présent d’une activité manuelle et sensorielle, dans des moments guidés de silence et de vacuité, dans une solitude douce, pleine, choisie et accompagnée, tout cela donne la possibilité de se sentir en lien avec la personne disparue et de créer une nouvelle relation avec elle dans l’intimité et la profondeur de son cœur.
C’est partir à la recherche du lieu en soi de « connexion » où se trouve la certitude qu’on n’oubliera jamais, que l’on n’est pas seul, que l’on est aimé.
Comme le décrit Christophe Fauré dans ses conférences et son livre « Vivre le deuil au jour le jour », faire son deuil, ce n’est pas oublier, c’est à l’inverse sentir vivante la présence de l’être aimé au fond de soi.
Le processus de deuil est un processus de création, création d’un nouveau lien avec la personne disparue où l’endeuillé passe d’un lien extérieur, objectif et sensoriellement déterminé à un lien intérieur, subjectif et non sensoriellement déterminé.
Et c’est là le début d’une nouvelle vie que d’avoir fait l’expérience au fond de soi et d’avoir à présent pour toujours l’assurance qu’il n’y a pas d’oubli, pas de perte ultime.
« Le Chemin de ta Main » est une invitation à faire l’expérience de soi et à chercher la voie de la métamorphose de l’absence et du désespoir en une présence et l’amour toujours.